Charlevoix, LE SENTIER DES CAPS – Sur le sentier, du temps fou.

mars 19th, 2011 Posted in MONTAGNE

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Pendant quatre jours, la température nous en a fait voir de toutes les couleurs…

Tout a été réglé au quart de tour: levée du corps à 4 heures, départ à 6 heures et arrivée à l’accueil de St-Tite Des Caps à 9 heures 45. L’enregistrement terminé, nous quittons l’office en laissant sur place nos gros sacs. Ceux-ci voyageront à « dos de motoneige », et attendrons bien sagement notre arrivée au premier refuge.

Nous remontons la route jusqu’au stationnement d’hiver. En moins de deux, harnachés de nos sacs à dos et chaussés de nos raquettes, nous voici lancés dans notre petite aventure.

 

JOUR 1

Vendredi, 11 mars 2011, pluie intermittente


De l’accueil St-Tite au refuge de Gribane

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Malgré une météo exécrable, et des prévisions à moyen terme peu reluisantes, la bonne humeur est au rendez-vous. Nous longeons le lac St-Tite, traversons le stationnement d’été, et retrouvons le départ du sentier des caps, pas très loin du Petit Lac. Déjà trois kilomètres de brûlés!

La tempête de neige du début de semaine a lourdement chargé les arbres. Ici, il y a de la neige, beaucoup de neige. Au moment d’écrire ces lignes, l’onglet des conditions de pistes du site Web du SDC, mentionne une accumulation annuelle de 465 cm. Le décor est impressionnant. Le sentier est étroit, et bien enfoncé dans la surface. Nous comprenons rapidement qu’il ne faut pas trop quitter la piste. Malgré les nombreux mètres de neige qui recouvrent le sol, le temps doux et pluvieux fragilise la calotte, qui ne semble plus en mesure de supporter notre poids et de garantir notre déplacement. À quelques endroits, les raquettes s’enfoncent, et ce, même au centre du sentier.

Nous décidons d’emprunter le sentier intermédiaire qui doit nous mener à une chute. Mais, c’est d’abord à deux points de vue que nous sommes conviés. La visibilité est tout juste suffisante pour nous permettre d’observer le fleuve et ses îles, 500 mètres plus bas. Le coup d’œil valait le détour.

Nous descendons vers la chute depuis quelques minutes. André, qui avait pris de l’avance, revient et nous indique qu’à quelques mètres plus bas, on entre dans la soupe. Aucune visibilité. Il ne reste plus qu’à rebrousser chemin.

Le brouillard s’épaissit, la pluie va et vient. Les conditions sont difficiles. Il se créé une espèce de succion entre la raquette et la neige. Chaque pas demande donc un petit effort supplémentaire. À chaque enfoncement du bâton, un cylindre de neige vient s’agglutiner à la rondelle de plastique. Qu’importe, cette dépense d’énergie a le mérite de nous garder bien au chaud.

Nous traversons le cap Gribane, et aboutissons finalement au refuge du même nom. Je pousse la porte et constate avec bonheur que la cabane baigne dans une chaleur intense. Nos gros sacs ont bel et bien été livrés plus tôt dans la journée. Nous aurons du bon vin à boire dans quelques minutes.

Après un cours séjour à la bécosse, je rejoins les autres à l’intérieur. Les vêtements mouillés se retrouvent sur les crochets et cordes à linges, qui sont disposées ça et là dans tout le refuge. Les bottes occupent une place de choix, à quelques centimètres du poêle. Nous montons à l’étage, et installons nos sacs de couchage.

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LE BALLET DES LAMPES FRONTALES

Le jour tombe rapidement. Les chandelles sont allumées. Des éclats de lumières plus vives balaient de façon aléatoire, les murs et les plafonds de notre chaumière. C’est que nous sommes des membres en règle de la tribu des lampes frontales.

Tellement pratique cette petite invention. Un rayon de lumière qui fonctionne en symbiose avec le regard. C’est comme si nos propres yeux se mettaient à voir la nuit. Un seul défaut: elle a le pouvoir d’aveugler la personne avec qui l’on converse. Alors, fermeture obligatoire au retour dans la zone chandelles. Si l’on oublie, notre interlocuteur aura tôt fait de nous le rappeler.

 

L’heure est maintenant à la dégustation du vin « embouteillé » dans du carton. Les premières gorgées révèlent, que notre appréhension n’était pas justifiée. Considérant notre situation, c’est excellent.

La nuit tombe, au moment où surgissent les six autres pensionnaires. C’est à leur tour d’exécuter la chorégraphie des nouveaux arrivants. Ils ont fait transporter tant de matériel, nous n’en revenons pas. Un de leur sac (style sac de hockey) est énorme. Deux glacières remplies à raz bord, c’est certain. ils ne vont manquer de rien.

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Nos colocs sont plutôt sympa, discrets et courtois. Nous mettons à chauffer l’eau, qui nous permettra de réhydrater nos lyophilisés. L’ambiance est formidable. Cette lumière, composée de flammes de réchauds, de chandelles et des lampes frontales est bien particulière. Le vin est bon, nous sommes au sec, à la chaleur, et en bonne compagnie.
Notre repas n’est pas très « classe » ou très savoureux, mais nous sommes rassasiés.

Nous nous installons pour la nuit. Il fait très chaud à l’étage. Nous laissons la fenêtre grande ouverte. Je suis étendu, torse nu, en dehors de mon sac de couchage. Une légère brise arrive parfois jusqu’à moi. Je me sens très bien.

La pluie s’intensifie. Par moment on dirait un orage. Les gouttes frappent violemment la toiture de tôle. Les coups de tonnerre sont remplacés par le bruit des masses de neige, qui se décrochent du faîte des sapins, pour s’abattre lourdement sur le refuge.

 


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