CORSE 2006 – En rando sur le GR20 (section nord)
avril 27th, 2009 Posted in MONTAGNEJOUR 6
Vendredi, 25 août 2006, ensoleillé
De Ortu di u Piobbu à Bonifatu
Le jour s’est levé. Dehors j’entends beaucoup de clochettes et de sifflements. Probablement des moutons et un berger. Je retourne au pays des rêves. 8:00, Louise se lève et quitte la tente. Elle me laisse dormir un peu, car elle se doute que ma nuit n’a pas été de tout repos. Je finis par me lever aussi. Il fait froid, on enfile notre tenue chaude. En allant vers les toilettes, je constate que le refuge est entouré d’un troupeau de chèvres. Avec les rayons du soleil levant, la fraîcheur de ce petit matin, les petites clochettes et tous ces petits animaux qui bougent, j’ai l’impression d’être dans un rêve. Un rêve magique, un beau rêve! Cela contraste énormément avec le stress de la soirée passée. Comme pour ajouter à l’enchantement, lorsque je sors des toilettes, les chèvres ont disparu. Était-ce un rêve? Je regrette de ne pas avoir eu mon appareil photo à porté de main. J’aurais bien aimé immortaliser ce moment, qui était d’une grande beauté.
Le site est très calme. Même la gardienne ne semble plus être là . La plupart des randonneurs ont déjà quitté. Nous sommes pratiquement seuls. Nous avions réservé des petits déjeuners la veille, alors on se présente à la cuisine. Notre déjeuner est sur la table. Le café est glacé et le pain a séché. Nous en déduisons que tout cela est en place depuis un bon moment. Nous utilisons un des réchauds à gaz et redonnons une seconde vie au café. Nous mangeons les croûtons de pain sec, en les badigeonnant d’une bonne portion de confiture aux abricots. Le repas terminé, nous lavons les ustensiles et retournons à la tente. En quelques minutes, tout est démonté. Nos sacs à dos n’attendent plus qu’à être endossés. Il est 10:00 lorsque nous quittons le refuge. Selon les informations inscrites dans le topoguide, il est possible d’atteindre Bonifatu en environ 2:30. Si l’on se fie à ce que l’on a vécu hier, on peut donc s’attendre à arriver en bas en ± 4 heures. Au moins, la majeure partie du trajet s’effectue en descente.
Après avoir franchi une zone rocailleuse, nous pénétrons dans une belle forêt de pins Laricio. Malgré la fatigue due en partie à l’exercice d’hier, nous avançons à bon rythme. Nous croisons à l’occasion quelques ruisseaux. Plus nous descendons, plus nous ressentons l’effet enveloppant et envoûtant du cirque de Bonifatu. La dernière heure de la descente nous offre des vues spectaculaires sur les parois rocheuses qui sont maintenant bien au dessus de nous. Nous commençons à croiser de plus en plus de randonneurs sans équipement, à part une bouteille d’eau. Nous ne devons donc pas être très loin d’une forme de civilisation. Une section du sentier a été cimentée et cela forme de grosses dalles. En principe cela devrait faciliter la descente, mais la pente est assez abrupte et j’ai les orteils complètement écrasés au fond de mes bottes. Nous arrivons enfin à une route. Il y définitivement beaucoup de marcheurs.
Le « village de Bonifatu » ne devrait plus être loin. Il est dit dans le topoguide que l’on devrait y retrouver, un hôtel, un gîte et un endroit pour se ravitailler. Nous constatons que ce parc est en fait très fréquenté et que ce qui attire les gens est sûrement cette magnifique cascade que nous suivons depuis un moment. Les rochers ont la particularité d’être très arrondis et adoucis. Il y pleins de baigneurs dans les différentes cuvettes qui ont été formées ça et là au fil du temps. Je sens que nous allons probablement revenir ici dans quelques heures. C’est le genre de chose qui attire beaucoup Louise.Nous marchons maintenant sur une route où il passe même quelques automobiles. Nous apercevons ce que nous croyons être un petit hôtel. Plus loin, il semble y avoir un stationnement avec une guérite et un gardien. On décide de s’y rendre pour demander des renseignements. Le gardien est un jeunot d’une vingtaine d’années. Je lui demande:
– savez-vous où est l’auberge de Bonifatu ?– mais vous venez de passer devant !
– ah bon… et le gîte ?
– mais c’est à la même place !
– ah oui … et l’endroit pour se ravitailler ?
– mais c’est là aussi !
– ah mais il n’y a pas de village de Bonifatu ?
– mais non, il n’y a que l’auberge !
Je ne me sens pas très fier de ma dernière intervention. On revient sur nos pas. Louise entre dans l’auberge. Il y a beaucoup de va-et-vient. Il est environ 13:00 et plusieurs personnes dînent sur la terrasse. Louise ressort avec le sourire. Ça l’air très bien et il reste une chambre. Alors, nous la prenons. Comme la demi-pension est obligatoire, nous aurons apparemment aussi un bon souper. Nous montons à la chambre. La toilette qui est très propre est au bout du corridor. Nous avons la douche dans la chambre. C’est la chose qui nous intéresse le plus pour le moment. Nous passons de longues minutes à profiter de cette bonne eau bouillante. Nous ouvrons les volets et découvrons une vue magnifique sur la montagne et la cascade.
Après un petit lavage à la main, nous partons, équipés du sac léger, vers ces magnifiques bassins d’eau que nous avons vus un peu plus tôt. Finalement, c’est un peu comme si nous étions à Orford ou à Mont-Tremblant. Il y un stationnement payant, et les familles affluent pour pique niquer, le long de ces fabuleuses gorges. Nous trouvons un endroit qui fait notre bonheur. Nous descendons une petite falaise en faisant bien attention de ne pas perdre pied. Les rochers sont complètement adoucis et montrent des formes tout à fait particulières. On croirait que certains sont artificiels. L’eau est fantastique. Froide, mais d’une limpidité et d’un turquoise. On se repose au soleil. Louise se mouille jusqu’aux cuisses. Le soleil baisse, c’est le retour à la chambre. On se prépare pour le souper.
À 18:30, on nous accueille dans la salle à manger. Comme le repas ne sera servi qu’à 19:30, nous sirotons une bière. L’endroit est splendide. On nous dit que nous avons été chanceux de trouver une chambre. C’est que nous sommes entre 2 saisons. La fin de la saison d’été et juste avant la saison des marcheurs d’automne. Autrement, c’est toujours plein à cet endroit. Cela fait du bien de se retrouver dans un endroit aussi confortable. Après le stress d’hier, je me sens cette fois, très détendu.
Nous discutons avec les serveuses qui nous confirment qu’il est possible d’obtenir du ravitaillement sur place. Il suffit d’aller au comptoir près de la cuisine. Nous réservons donc un pain et du fromage pour le lendemain. Nous sortons de l’auberge, question de marcher un peu pour digérer ce copieux repas. Nous découvrons qu’il y a bel et bien un gîte à l’arrière de l’auberge. Il semble même y avoir des endroits pour le bivouac. Cette auberge est finalement un véritable petit village! Nous marchons jusqu’à la route asphaltée. Avec les pancartes et les guérites, cela fait vraiment penser au parc du Mont Tremblant. Nous rentrons. Je crois bien que ce soir, je vais dormir comme un loir !!