CORSE 2006 – En rando sur le GR20 (section nord)

avril 27th, 2009 Posted in MONTAGNE

JOUR 7

Samedi, 26 août 2006, ensoleillé
De Bonifatu au refuge de Carrozzu

Levé à 7:00. Nous nous présentons pour le petit déjeuner à 8:00 après une nuit des plus réparatrice. Le café est excellent, tout comme les baguettes et les confitures. Nous récupérons le pain que nous avons réservé hier soir après le souper. Celui-ci sera inséré dans le tapis de sol de Louise. Ce rouleau a la bonne dimension et il permettra d’isoler le pain de la chaleur. Après un bref retour à la chambre, question de visiter cette merveilleuse toilette où l’on peut être assis confortablement, c’est le départ……nous retournons sur le GR20 !

Le ciel est splendide. Nous marchons sur cette petite route de gravier où circulent à l’occasion quelques voitures. C’est encore tranquille à cette heure-ci. De temps à autre, nous jetons un coup d’oeil quelques pieds plus bas à notre gauche, question de contempler à nouveau ces magnifiques vasques d’eau turquoise. Nous retrouvons l’intersection qui marque le début des pistes en forêts. Nous portons une grande attention aux indications pour ne pas nous retrouver sur la mauvaise piste. Le sentier est agréable et nous demande un effort raisonnable. Nous avons pris comme résolution de nous arrêter à toutes les heures, de prendre le temps de retirer notre sac, réattacher nos bottes, boire et grignoter. Cela est drôlement efficace et nous permet de garder la forme.

Nous longeons et traversons quelques fois la rivière Spasimata. Nous arrivons bientôt à une très jolie passerelle que je crois être la passerelle de Spasimata. Je verrai par la suite que c’était une erreur. Cette passerelle n’a pas de nom.Le sentier monte maintenant assez franchement. Le terrain est beaucoup plus rocailleux. Une dernière petite pente très raide nous mène directement au Refuge de Carrozzu. Cette fois nous sommes dans les premiers à arriver. Nous prenons la décision de coucher dans le refuge. La première expérience en tente n’a pas été des plus encourageante, et nous savons que demain sera difficile, enfin bien plus que cette petite balade à Bonifatu. La gardienne dit que pour l’instant nous sommes seuls. Comme c’est la première fois, elle nous explique comment cela fonctionne. Nous aurons donc droit à la cuisine. Elle nous recommande de prendre les lits du bas près de la porte. Ce sont supposément les meilleures places. Nous installons nos sleepings et déposons nos sacs par terre devant nos lits, afin d’indiquer aux autres que ces places sont réservées. Bottes enlevées, pieds au repos, nous sirotons une bonne bière. Du balcon, il y a une vue spectaculaire sur la vallée.

Puis c’est le moment que nous aimons bien. Nous partons à la découverte des lieux. On repère d’abord les chiottes. Pas de surprise. Sur les 2 toilettes du site, les 2 sont Turques. La première est juchée sur une petite butte. En scoucounes (ou en tongues comme disent les Français) ça n’est pas évident. Les pierres du sentier ont été aménagées en forme d’escalier, mais quand même. Puis nous découvrons la douche. Dans un petit boisé entre les tentes, un boyau est fixé à une perche. De vieilles nappes de plastiques jouent le rôle des rideaux de douche. Naturellement, il s’agit ici d’eau de source glacée! Comme nous n’avons pas travaillé très fort en montant, et que la balade a été de courte durée, nous allons sauter une douche!

La journée est encore jeune et le temps toujours aussi beau. Nous décidons de descendre vers la passerelle de Spasimata. Équipés de notre sac léger, et de nos bâtons, nous découvrons que le petit sentier est assez hasardeux. Il ne faut pas le sous-estimer, mieux vaut tenir les petits câbles qui ont été installés par endroits. Au bout de dix minutes, la passerelle apparaît dans toute sa splendeur. C’est un endroit féerique. Nous la traversons une première fois. On peut lire sur un écriteau « pas plus de 2 personnes à la fois ». Elle était citée dans plusieurs des comptes rendus que j’avais lu sur internet. Je me l’étais imaginée beaucoup plus petite. Je la trouve impressionnante!

Sous la passerelle, c’est le même type de rochers bien polis, que l’on a vu à Bonifatu. Les vasques sont cristallines, turquoises et glacées. Pendant les prochaines minutes nous verrons plusieurs personnes courageuses, s’y saucer. La manoeuvre est délicate. La vasque principale est directement sous la passerelle. Il faut s’asseoir sur une dalle plate qui descend assez raide vers l’eau. Dès qu’il y une bonne partie du corps qui touche l’eau, c’est la glissade. Les gens se retiennent un peu, mais se retrouvent en une fraction de seconde directement dans la vasque. Ils ont les yeux qui leur sortent de la tête et le souffle coupé. Il tente de revenir immédiatement sur les rochers, mais le petit courant et la viscosité des rochers les empêchent de grimper. Leur corps finit par s’habituer un peu, ils crient et rient et nous on rient avec eux. Ils doivent se déplacer un peu vers la droite ou la pente est moins raide. De cet endroit, ils réussissent à sortir pour enfin retrouver la chaleur de l’air. Un peu plus haut derrière la vasque, on peut passer sans se mouiller. Par contre il y a un mince filet d’eau dont il faut se méfier. En une demi-heure, nous avons vu 2 personnes chuter, dont un monsieur qui aurait pu se faire très mal. Nous nous amusons à traverser la passerelle quelques fois, puis, nous retournons au refuge.


OPÉRATION HÉLICO !

À notre arrivée nous constatons qu’il y beaucoup plus de gens, y compris dans le dortoir! La gardienne apparaît soudain sur le balcon. Elle semble énervée et elle demande à tous: « qui n’a pas enlevé son linge de la corde, je vous ai prévenu l’hélico s’en vient ». Il y a au bout du balcon un monsieur qui s’est blessé en venant de Ascu, et apparemment, il sera évacué par hélico. Il semble que ses bottes laissent à désirer. Il s’est d’abord foulé une cheville. Il a continué son chemin tant bien que mal jusqu’à ce qu’il fasse une chute qui a aggravé cette blessure. Cet homme semble seul. Il regarde en bas du balcon vers la vallée et attend l’hélico. Nous mettons la main sur une des tables à pique-nique qui vient de se libérer. Bien installé sur le grand balcon, au dessus du vide de cette grande vallée, nous préparons notre souper. Au programme: Lyophilisé. Nous venons tout juste de remplir nos plats quand l’hélico fait sont apparition. On trouve ça bien tripant. Le pilote s’approche du refuge puis retourne vers le fond de la vallée. Le manège se répète 2 ou 3 fois. J’imagine que c’est la procédure, question de bien tester les vents et de tout vérifier. Puis comme on ne s’y attendait plus, le voici soudain au dessus du refuge.

C’est pire qu’une tornade. Il y un tas de trucs qui partent de tous les côtés. Têtes baissées, nous nous précipitons sur nos plats, qui voulaient s’envoler. Même notre bouteille d’eau a failli tomber. L’hélico passe derrière le refuge. On met notre souper à l’abri, et on se précipite à l’arrière du refuge. L’hélico ne se posera pas. Un secouriste descend à l’aide du treuil. Il prépare le blessé. Il lui fait enfiler une espèce de culotte qui lui permettra de s’attacher au treuil. Le blessé monte dans l’hélico, puis c’est au tour de la gardienne Elle aura semble-t-il un lift jusqu’à Calvi. Ça sera moins épuisant que plusieurs heures de marche. Tout le monde tente de regarder la manÅ“uvre, mais il faut constamment tourner le visage vers le sol pour ne pas recevoir de débris dans les yeux. Je prépare l’appareil photo en le cachant sous mon corps à demi penché, et lorsqu’il est prêt, je me relève et brave la tempête le temps d’un cliché. Puis je m’accroupis de nouveau.

L’hélico prend de l’altitude et s’éloigne lentement. Le refuge retrouve son calme, et nous notre esprit. Tout le monde met la main à la pâte et on nettoie les dégâts. Quelqu’un vient rapporter à Louise, ses bas qui ont été arrachés du fond des ses bottes, alors qu’ils séchaient tranquillement sur le balcon. Pour celui qui n’avait pas enlevé son linge de la corde, ce n’est pas drôle. Il doit chercher partout dans la forêt. Nous venons de vivre un autre moment tout à fait électrisant.

Nous récupérons le lunch et le terminons. C’est un spaghetti lyophilisé qui est beaucoup moins épicé que la recette de Piobbu. Nous marchons en long et en large afin de digérer un peu avant de s’enfermer dans le refuge. Il est passé 18:30 et un jeune couple d’Espagnols vient juste d’arriver. Ils ont doublé l’étape. De vrais athlètes. Nous avons revêtu notre polard, car ça n’est pas chaud. Nous contemplons le coucher de soleil sur la vallée. Le soleil disparaît derrière un pic. Peu à peu le gens entrent dans les tentes. Nous nous glissons dans nos sleepings. Finalement, c’est assez confortable. Presque tous sont aux lits sauf le jeune couple d’espagnols. Ils ont soupé en retard et sont encore dans la cuisine. Ils ne se gênent pas pour faire du bruit. Ils passent ensuite au dortoir pour s’installer. Les rayons de leurs lampes frontales n’en finissent plus d’éclairer partout et parfois on l’a directement dans la face. Ils sont vraiment désagréables ces deux là. Comble de malheur, juste avant de se coucher le gars décide de fermer la porte du refuge.

Au lieu de dormir avec du bon air, on va tous se respirer les uns les autres. C’est moche. Malgré tout ça et comme toujours, Louise dort déjà comme une bûche.

Quelle journée…..incroyable…. encore


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