CORSE 2006 – En rando sur le GR20 (section nord)

avril 27th, 2009 Posted in MONTAGNE

JOUR 8

Dimanche, 27 août 2006, ensoleillé
De Carrozzu vers la vallée de l’Asco – Hôtel Ascu Stagnu

Le beep beep, d’une des montres des voisins d’en face, me réveille. Il est 6 heures. Devant nos lits, étaient couchés 2 couples de français. À les regarder, on pourrait avancer qu’ils ont à peu près de notre âge. Ils se lèvent discrètement. Nous les imitons. Assez rapidement, la paix du refuge est troublée par un concert de fermetures éclairs accompagnées du bruissement caractéristique des tissus de sacs à couchage que l’on froisse. Tout le monde fait de son mieux pour essayer de ne pas trop réveiller ceux qui on l’habitude de partir plus tard.

Nous empoignons tout notre matériel et sortons au plus vite sur le balcon. Nous déposons nos choses sur un coin de table à pique nique, et débutons la session de rangement. Ça n’est pas une tâche facile de faire entrer un sleeping d’une certaine taille dans un sac à compression, tout en essayant d’être le plus silencieux possible.Heureusement, il fait beau et l’air est très frais. Je n’ai pas un grand nombre d’heures de sommeil à mon actif, et j’ai le cÅ“ur un peu haut dans la gorge. Une fois les sacs bien préparés, nous nous dirigeons vers la cuisine pour y retrouver notre petit déjeuner.

Il y plusieurs tables, 2 grands poêles à gaz et 2 petits, de quoi accommoder au moins la quinzaine de personnes qui ont dormis dans le refuge et les campeurs qui auraient réservés un petit déjeuner. Nous récupérons le plateau identifié à notre nom. Baguettes de pain, et quelques petits carrés de confitures. Le café dans le pot est froid. Nous n’avons donc pas le choix d’alimenter un des réchauds à gaz pour redonner un peu de vie à ce café qui nous fera le plus grand bien. Après une ou deux minutes, une odeur de caoutchouc brûlé attire notre attention. Le pot est en acier, mais nous n’avons par remarqué la poignée en plastique. Elle est littéralement en train de fondre sur le brûleur. Nous nous empressons d’essayer de camoufler notre gaffe en transvidant le tout dans un petit chaudron. Tous se passe rapidement, tout le monde est pressé de partir.

Nous échangeons quelques bonjours avec les 4 français. Ils en sont déjà à laver leur vaisselle à l’évier. Nous faisons de même et récupérons nos sacs restés sur le balcon. Nous nous dirigeons vers les toilettes Turcs, qui nous font de moins en moins peur. Après quelques minutes d’une « gymnastique un peu spéciale », nous quittons la zone des toilettes et retrouvons assez facilement le début de la piste. En route!

Nous jetons un dernier coup d’oeil sur cet endroit qui nous a comblé, en terme de beauté et d’événements spectaculaires. Nous refaisons avec joie, la première partie qui nous ramène sur la passerelle de Spasimata. Puis, nous attaquons la montée qui s’effectue le long de la rivière du même nom. Peu à peu le ravin se creuse. On voit ça et là quelques petites chutes et quelques vasques, mais la faille devient peu à peu un ravin impressionnant. Nous marchons sur d’énormes dalles de pierre. Dans le topo-guide on fait la mention suivante:« Passage délicats et glissants par temps de pluies, et par endroits équipés de câbles ».

Heureusement, les dalles sont sèches, et nos semelles de bottes sont des plus efficaces. Tout au cours du voyage d’ailleurs, elles ne nous trahiront jamais. Jamais nous n’avons eu peur de glisser ou de tomber en sentant la roche se dérober sous nos pieds. En ce qui a trait aux câbles, il y en a plusieurs de brisés. Alors nous franchissons ces quelques mètres avec une bonne concentration et un bon tau d’adrénaline.

Nous appliquons notre méthode de manger à la miette, mais souvent. Nous nous reposons et grignotons aux heures ou aux 2 heures. L’effort est constant, mais nous tenons le coup. Depuis le départ, nous marchons à l’ombre. Juste au moment ou le soleil apparaît, le sentier traverse sur l’autre rive du ravin et nous pouvons encore profiter de la fraîcheur pour quelques minutes supplémentaires. Nous nous enivrons de l’atmosphère et de la splendeur du paysage. La beauté est partout sans jamais devenir banale. Il y a toujours une particularité, une ambiance différente. Il y quelque chose d’irrésistible d’inexplicable dans ces rochers.

Nous progressons maintenant au travers de petits bosquets d’aulnes. Ça accroche un peu les sacs en passant et ça égratigne beaucoup les jambes et les bras. Juste avant d’atteindre la première crête, nous nous retournons et découvrons avec surprise que Calvi est redevenue visible. Sauf que là, elle est très loin et très basse.Nous atteignons finalement la crête et découvrons de l’autre côté, le petit lac de Muvrella. Le paysage est encore une fois divin. D’ailleurs plusieurs personnes on décidé d’y prendre leur lunch. D’autres descendent au lac où se reposent tout simplement. Après une courte halte, nous décidons de continuer. Nous entamons une montée dans un couloir assez raide jusqu’à Boca di a Muvrella. Arrivé à ce sommet, nous passons pour la première fois dans un autre système de crêtes et de vallées. Je crois que cette fois nous ne verrons plus Calvi. Cette nouvelle vallée est parait-il peuplée de mouflons. Nous n’en voyons aucun. Nous continuons le long de la grande crête, jusqu’à atteindre le col du Bocca di Stagnu.

Lorsque nous franchisons cette crête, nous apercevons immédiatement la station de Ski de Ascu Stagnu blottie au fond de la vallée. Nous sommes fatigués, mais moins que pour Piobbu. Il fait tellement beau. Nous savons que nous ne sommes plus qu’à quelques heures d’une bonne douche chaude. Nous prenons le temps de luncher et de bien nous reposer sur la crête. Puis, nous débutons la descente qui nous semble relativement facile. Erreur. Une descente facile, ça ne doit pas exister en Corse. Nous descendons le long de la paroi principale. De loin, il ne semble jamais y avoir de difficulté. Mais au détour d’un passage, ou derrière un rocher, il y toujours une nouvelle petite escalade et son défi. On met parfois plus de 5 minutes pour ne descendre que d’une dizaine de pieds.

On commence par s’approcher du bord de la partie à descendre. On tente de repérer les taches de peinture, puis les meilleures grippes possibles pour se tenir. On s’accroupit et on se tourne face à la roche, et du bout des pieds on cherche les aspérités qui vont soutenir notre poids pendant la manoeuvre. Le temps passe et on se rend compte que nous avions de beaucoup sous-estimé cette descente. Par contre, dès que nous atteignons l’altitude des arbres, cela devient un peu plus facile.Nous nous mettons à gambader comme des chèvres. Il faut juste surveiller en plus des roches, les grosses racines de ces majestueux pins Laricios.

Nous commençons à entendre le bruit des autos dans le stationnement, et d’autres bruits humains. Nous débouchons enfin sur l’ensemble des bâtiments. Nous nous précipitons à l’hôtel, les doigts croisés.  Aucun souci ! Il reste plusieurs places. Nous obtenons même la seule chambre avec balcon. Nous nous y précipitons. Louise se lance immédiatement dans la douche et elle n’en ressortira que 15 minutes plus tard. Moi, j’ai les pieds en sang. J’attends mon tour avec impatience. Dès que la douche est libre, je l’occupe à mon tour pour un autre 15 minutes. L’eau est bouillante. C’est le paradis! Cela peut paraître exagéré, pour quelqu’un qui ne l’a pas vécu. Je prends une douche chaude tous les matins, sans jamais vraiment l’apprécier. Il faut avoir marché pendant des heures sous un soleil ardent dans ces conditions difficiles pour qu’une douche ait le pouvoir de procurer cette joie incommensurable !

Nous constatons avec étonnement que nous sommes très courbaturés. Nous nous serions attendu à cette situation le 2eme jour de marche, mais pas après plusieurs jours, par contre nous n’avons pas d’ampoules et pas de blessures à part quelques légères égratignures causées par les arbustes et les rochers.La douche fait sont Å“uvre. Nous retombons peu à peu sur nos pattes. Certes, nous sommes fatigués  mais nous nous sentons comblés et heureux.  Nous avons fait cette balade en un temps plus qu’acceptable!

Après une bonne petite lessive, nous nous retrouvons à l’extérieur pour notre écorniflage habituel. Nous faisons le tour des bâtiments, allons voir de quoi à l’air le gîte qui est jumelé à l’hôtel. Tout ici semble très bien. Peut-être aurions-nous pu nous contenter du gîte? Trop tard, de toute façon nous aurons un maximum de confort dans notre chambre. Au pied de la pente, un tuyau d’un plus grand diamètre que d’habitude est retroussé vers le haut, et laisse échapper une eau claire et fraîche. On nous confirmera plus tard qu’il s’agit bel et bien d’une source. Nous montons sur la terrasse et trouvons une place encore ensoleillée. Il y a beaucoup de gens venus en auto. Je prend une bière et Louise un bon café. Le soleil commence à descendre ça ne sera plus très chaud dans quelques minutes. Nous passons la journée en revue. Louise m’avoue qu’elle est bien contente de faire tout ça, mais qu’elle serait bien inquiète , si Lou ou Sam décidait de venir faire le GR20 ….

Nous retournons ensuite à la chambre pour un peu de repos, et nous préparer pour le souper. Nous avons pris la demi-pension, de sorte que nous pourrons déguster un bon repas ce soir et un bon petit déjeuner demain matin. À 19:30, affamés nous nous présentons au resto. L’ambiance est très cordiale. On nous a installé à une petite table à 2 au centre du resto. Nous commençons à reconnaître certains visages. On salue et discute un peu avec les 4 français, et surtout un des 2 italiens. Le souper débute par une soupe aux légumes qui ressemble davantage à un potage liquide. Il y une grosse salade niçoise, du pain, de la viande sur du riz aux raisins, pois et carottes. C’est suivi d’un formage corse. Tout ça accompagné d’un demi-litre de vin rouge (Orsini). Le repas est excellent. Il n’y a que le dessert qui est un peu décevant. C’est une salade de fruits au goût un peu douteux. Nous quittons le resto, pour la salle adjacente qui sert à la fois de Bar et d’épicerie. Petits achats de ravitaillement, et nous retournons à la chambre. Une autre journée bien remplie et pleinement satisfaisante.

Je me couche en pensant à demain. Demain, c’est: CASCETTONI ou en français, LE CIRQUE DE LA SOLITUDE. Je suis partagé ente rêves et appréhensions. J’ai tellement lu de passages sur cette étape, qui est la plus difficile du parcours, mais aussi la plus spectaculaire. Certains qualifiaient cette section de très difficile alors que d’autres racontaient que ça n’était pas si difficile. Demain nous serons fixés. En attendant, il faut dormir….


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