CORSE 2006 – En rando sur le GR20 (section nord)
avril 27th, 2009 Posted in MONTAGNEJOUR 11
Mercredi 30 août 2006, ensoleillé
Du Castel Vergio vers Porto
HORS GR – Du 30 août au 4 septembre, séjour à Porto
JOUR 17
Mardi le 5 septembre 2006, ensoleillé
De retour sur le GR20 – En route vers Manganu
À 6:45 nous rejoignons un groupe d’impatients qui attendent que les portes de la salle à dîner s’ouvrent. Nous finissons par envahir la place. On se remplit l’estomac de pains à la confiture et on boit une bonne dose de café. À 7:15, nous quittons l’hôtel. Il fait très beau. Il fera sûrement faire chaud un peu plus tard, mais pour l’instant le fond d’air est frais, il fait bon. Nous ne tardons pas à localiser l’entrée du sentier qui débute à une centaine de mètres de l’hôtel.
Nous pénétrons dans une très belle forêt. La piste est pratiquement sur une courbe de niveau. Cela nous permet de progresser rapidement. À plusieurs reprises, nous apercevons l’hôtel au fond de la vallée. Le rocher de Tafunatu rayonne au loin. Plus nous montons mieux nous le voyons. Avec de bonnes jumelles nous pourrions sûrement voir le refuge de Ciottulu a I Mori. À un moment, il y une vache au beau milieu du sentier. Le problème est que de chaque côté, ce n’est pas très hospitalier. Du côté gauche, ça descend à pic. La vache se tourne la tête et nous dévisage. Puis, elle se recule un peu et entreprend de descendre dans le tas de petits arbustes. Après quelques pas, elle nous regarde à nouveau ayant l’air de nous dire « Allez-y passer fatigants! ». Des que nous sommes passés, elle refait le chemin à l’envers et revient sur le sentier. Pauvre elle! Avec l’achalandage, elle n’a pas finit de se faire déranger. C’était vraiment drôle de la voir. On aurait dit une automobile qui se range dans l’accotement pour nous laisser le chemin libre.
Le sentier quitte la forêt. Nous croisons un troupeau de moutons. Dommage qu’un pylône électrique vienne briser la beauté du paysage. C’est comme si, des moutons un des fils électriques, ça ne va pas ensemble. Nous sommes tout à coup en présence de ces fameux arbres que j’avais vus dans la documentation. Ils ont poussé complètement couchés. C’est dire la puissance des vents dominants dans cette région. Plus nous montons, plus la rocaille reprend ses droits. Cette journée est vraiment plaisante. Nous sommes très heureux d’avoir pris la décision de revenir sur le GR20.
Après une petite collation sous l’arbre penché, nous reprenons le travail. Le sentier est maintenant plus impressionnant. Nous croisons un bon groupe de promeneurs. Par moment, le sentier n’est vraiment pas large et assez escarpé. Il faut se trouver un endroit sûr, et s’y parqué, le temps d’en laisser passer quelques uns.
Après avoir franchi le point le plus haut, soit Bocca a Retta, nous débouchons sur la vallée du lac Ninu. Bien que la vallée soit visible, on ne peut pas encore localiser le lac. Ce n’est que quelques minutes plus tard en montant sur une butte que nous pouvons enfin le découvrir. Nous décidons de dîner à cet endroit. Par rapport à la mer ou à la ville, la montagne à ceci de particulier. Lors-qu’il ne vente pas, c’est très silencieux. Cela fait en sorte de renforcer la sensation d’être dans un endroit paradisiaque.
Le passage à la fontaine de Ninu, est un des moments forts du GR20. Le lac est bleuté et les tourbières (pozzines en Corse) d’un vert tendre. Cette vallée est peuplée de chevaux sauvages et de vaches qui viennent se désaltérer au lac. Tout autour des sommets de rochers gris. Nous ne nous lassons pas d’admirer ce paysage. Le dîner terminé, nous descendons vers le lac. Les animaux ne sont pas craintifs et nous pouvons les approcher. Tout ici est en parfaite symbiose.
Nous contournons le lac et poursuivons notre route. Le soleil ne nous ménage pas. Heureusement nous traversons une série de petits bosquets qui nous procurent un peu d’ombre. Ces petits bosquets cachent un ruisseau, qui deviendra dans quelques kilomètres le 2e plus grand fleuve de Corse. C’est le Tavignanu. Louise s’y trempe un peu les pieds, pendant que je me repose à l’ombre d’un gros arbre. Après quelques minutes de marche, la bergerie de Vaccaghja se dessine à l’horizon. Ça n’est pas un berger mais une bergère qui nous recoît. Nous conversons un bon moment avec la Bergère. En fait il s’agit plutôt de la copine du berger. À cette heure, les animaux sont éparpillés partout dans la vallée. Le berger devra rassembler ses bêtes à la fin de la journée. De la bergerie, on discerne déjà le refuge de Maganu, qui se situe au bout de la vallée, entre 2 flancs de montagnes. Le chemin pour s’y rendre semble assez facile. Il suffit de contourner à l’occasion les quelques dizaines de bouses qui jalonnent le parcours.
La dernière section est plus délicate. Il faut se concentrer. Les heures s’accumulent et le soleil commence à nous rendre gaga. Il ne faudrait pas gâcher cette magnifique journée et se blesser, en chutant. En traversant la passerelle, à quelques mètres du refuge, nous découvrons une jolie cascade qui possède de nombreuses vasques. L’eau est claire et turquoise. Nous décidons de troquer la douche froide du refuge pour un bain dans ces vasques. Nous allons d’abord au refuge. Nous réservons 2 places dans le dortoir. (Lit 5 et 6 dans la section du bas) Sur le balcon, nous retrouvons les 2 québécois que nous avions rencontrés à Vergio ce matin. L’un d’eux est de Beloeil et l’autre de Montréal. Après une causette, nous partons vers les vasques. Je dois être vigilant, car la piste est sournoise. Mes tongues sont parfaitement instables dans ce genre de sentier.
L’accès aux bassins n’est pas évident. Nous cherchons un bon endroit pour y descendre. Après quelques acrobaties, nous y sommes. L’eau est glacée, mais nous finissons par complètement nous saucer. Nous en ressortons, grelottant. Repos sur les rochers, sous le chaud soleil. Après quelques minutes, on remet ça. C’est comme ça pendant un long moment. Ça fait un grand bien. Pendant notre baignade, nous avons remarqué l’arrivée de nombreux marcheurs. Apparemment, nous ne serons pas seuls dans le dortoir. Nous remontons vers le refuge. C’est l’heure du lavage. Une fois les corvées terminées, nous retournons sur le grand balcon du refuge. Nous reprenons la conversation avec nos québécois. L’un d’eux nous dit qu’il ne va pas dormir à l’intérieur. Il va attendre la tombée de la nuit, et sortir discrètement son matelas sur le balcon. Il a déjà utilisé cette stratégie dans plusieurs refuges. Il n’a jamais essuyé aucun avertissement d’un gardien. Bien emmitoufler dans le sac de couchage, sur un bon matelas mou, à respirer de l’air frais et pur, ça pourrait être intéressant !
À voir tous les gens qui vont coucher dans le refuge, c’est décourageant. On leur répond que nous aussi on fera comme eux. On leur raconte notre aventure au refuge de Carrozu lorsque le jeune a fermé la porte et que c’était étouffant. Plus tard, en marchant sur le terrain derrière le refuge, nous découvrons qu’il y a un site de camping très intéressant près d’un bosquet. Nous décidons de bivouaquer. Le gardien du refuge, n’y voit pas d’inconvénient. Il nous rembourse la réservation au refuge et nous remet une étiquette pour la tente. Nous nous installons rapidement. Le soleil est déjà bas à l’horizon et nous devons préparer notre souper.
Ce soir: lyophilisé, patates et dinde. Nous parvenons à installer notre réchaud en repérant un endroit plat sur le sol, entre 2 bouses de vaches… Nous soupons. C’est bon. Juste devant nous, arrive une vache et son veau. Le petit est vraiment mignon. Il a l’air tout gêné et se tient collé sur sa « Moman ». La « Moman » lèche son veau affectueusement, et lorsqu’elle le trouve bien propre, elle consent à le laisser téter. Quel spectacle attendrissant.
Comme à chaque nuit, nous mettons tout notre matériel à l’intérieur des gros sacs verts. Comme notre petit enclos n’était pas assez large déployer complètement la tente, un des deux sacs verts ne pourra pas être abrités dans son portique. Il passera la nuit dehors. J’essaie de le cacher le plus possible dans les broussailles. Il y a encore beaucoup d’activités sur le terrain. Louise rie de moi lorsque je veux cacher le sac dans le bosquet. « Voyons, il n’y a pas de voleur ici ! ».
Nous entrons dans la tente avant la pleine noirceur. Je laisse la porte du portique entrouverte, question d’avoir plus d’air dans à l’intérieur. Tout à coup j’entends des voix et des pas, qui semblent très près de la tente. Merde! quelqu’un a le culot de toucher au sac vert et à la tente. Je remets mon pantalon et je sors en maudit. Je vois 2 gars s’éloigner entre les tentes plus loin. Je me dit qu’ils ont du prendre notre sac vert pour un sac à ordures, et qu’ils ont du constater leur erreur. Je reviens dans la tente. J’essaie de m’installer confortablement dans mon sac de couchage, mais je n’y arrive pas. Je réalise maintenant pourquoi ce site était libre même en fin d’après midi. Le terrain est assez plat vers la droite, mais vers le centre de la tente, il s’affaisse d’une façon assez marquée. J’ai les épaules sur le plateau, et les hanches qui tombent dans un trou. C’est totalement inconfortable. Je finis par me tasser complètement sur Louise et trouve une position relativement acceptable.
Nous discutons de la journée merveilleuse et bien remplie que nous venons de passer. Ma seule petite déception est le refuge de Manganu lui-même. Dans le topo-guide on mentionnait que ce refuge avait été totalement refait. Je m’attendais donc à trouver ici le plus beau refuge du circuit. Il devait être lamentable avant, car s’il a été complètement rénové, il est très ordinaire. Surtout si on le compare avec le Tighjettu.
Si une journée de montagne est toujours une journée extraordinaire, c’est aussi toujours une journée fatigante. Baigné dans les relents des images de la journée, j’arrive à chasser les quelques pensées angoissantes, relatives au manque de nouvelles de Louis-Philippe. Mes pensées s’embrouillent peu à peu et je m’endors.